Les brevets de Piot (20,081Nov 19th 1891 et 26,823 1897) furent exploités commercialement jusque vers les années 1920 par divers constructeurs de jouets en Grande Bretagne, aux USA et en Allemagne. En France le « Yacht mystérieux » de Heller & Coudray ainsi que « le bateau sans hélice » du Jouet Français (1914) semblent avoir été des variantes inspirées du système Piot.A cette époque personne ne parlait encore de pop-pop, de toc-toc ou de puf-puf comme on le fit plus tard car le fonctionnement du moteur Piot était tout à fait silencieux. (il ne faisait même pas piot-piot!).
En 1924 un certain C.J McHugh prit en Amérique un brevet (n°1,598,934 June 1924) qui perfectionnait de manière décisive ceux de Piot. Il avait imaginé que l’on pouvait utiliser les variations cycliques de pression dans la chaudière pour mettre en vibration une membrane mince produisant un bruit rappelant celui des moteurs marins. La figure 2 représente le dessin du brevet de McHugh, la membrane vibrante forme la paroi supérieure de la chaudière. Désormais tous les bateaux-jouets utilisant ce système de propulsion seront du type Piot-McHugh et feront du bruit, le « Pop-Pop » était né !
Il ne semble pas que les constructeurs aient alors visé le jouet haut de gamme, les « Toc-Toc » fabriqués en Allemagne ou les canots français « le Raceret » étaient des bateaux de dimensions modestes en tôle emboutie chauffés au « Méta » (improprement appelé alcool solidifié). Le décor assez sobre évoquait les canots de course à moteur de l’époque avec un pilote galonné à casquette Zone de Texte: blanche en fer blanc imprimé, construit en deux moitiés agrafées selon la technique des jouets mécaniques de ce temps. Assez pompeusement ces bateaux sont qualifiés de jouets scientifiques et leur propulsion est réputée produite « par l’air chaud ».
Alors qu’ils disparaissaient en Europe, les Pop-pops connaissaient un grand succès en Inde, Chine, Japon, Indonésie, Pakistan où ils font encore aujourd’hui l’objet de production de série dont certaines sont très ingénieuses comme cette canonnière indonésienne dont les deux tubes liés à la membrane du moteur oscillent de haut en bas lorsque le bateau marche. Vers les années 1930, il était possible d’acheter en Indochine, probablement à Saigon, un produit assez remarquable d’un artisan local : le croiseur-école Jeanne d’Arc en semi-maquette navigante de 82cm de longueur hors-tout, propulsé par trois moteurs Pop-Pop. La coque était en tôle d’acier chaudronnée et les superstructures en fer blanc découpées à la main et soudées à l’étain ; les tourelles d’artillerie pouvaient être orientées ainsi que les deux catapultes d’hydravion et les grues. J’ai restauré pour un ami un tel bateau et ce fut un réel bonheur d’avoir entre les mains une aussi belle pièce.
e dans les périodiques anglais de modélisme propose les produits de la firme « Rose Boat » dirigée par Alan Raubenheimer à Pietermaritzburg en Afrique du sud. Il s’agit de bateaux de fer blanc aux formes assez rustiques, décorés de vives couleurs munis de moteurs Pop-Pop très robustes pouvant fonctionner une heure entière -dit le prospectus- avec une charge du brûleur à bougie. Actuellement encore, la firme anglaise « Unit Steam Engine », fournisseur de chaudières miniatures et de machines à vapeur modulaires pour modèles réduits présente à son catalogue des moteurs Pop-Pops « capables de propulser des coques jusqu’à 30cm de longueur.» Ces moteurs malheureusement usurpent leur nom étant de type Piot et non Piot-McHugh.